EXPOSITION

J’ai créé le “Haiku marinière“ dont le principe est d’écrire des haikus et des poèmes courts dans des pages de livres.

Je trace des lignes parallèles au feutre sur le texte des romans imprimés dans des livres, et je ne laisse apparaître que quelques mots qui, ensemble, créent un poème court qui n’a rien à voir avec le texte original. À travers cette forme, je fais apparaître, dans des pages ordinaires, la poésie cachée.

L’idée est née il y a quelques années lorsque j’étais amoureux d’une femme en secret. Pour me déclarer discrètement, je lui avais offert un livre dont j’avais barré au feutre toutes les pages, sauf les mots “Je t’aime“ à la page 103.

Je n’ai jamais eu de nouvelles…

Mon feutre me sert de gomme où je peux effacer pour révéler, cacher pour mieux montrer et faire disparaitre un bout d’histoire pour en faire apparaitre une autre, plus personnelle.

Il arrive souvent que les pages ne parlent pas. Les mots n’ont rien d’autre à dire que l’histoire qu’ils racontent déjà. Et puis parfois, comme un miracle, les mots disent autre chose, ils sautent des lignes, sortent de la page comme des gens s’échapperaient d’une foule pour se

retrouver.

C’est comme si les mots de la page étaient vivants et qu’ils m’appelaient pour me demander de les mettre ensemble, de les rapprocher, de les faire se retrouver pour s’aimer, perdus au milieu des autres et changer leur destin.

Je ne sais jamais ce que je vais écrire en lisant une page, ce n’est pas moi qui décide, ce sont les mots eux même.

Mon art consiste juste à aimer le hasard et à écouter ce que les mots se disent en secret.

Dimitri Rataud